jeudi 12 janvier 2012

Retraites : sortir des dogmes libéraux, écouter les syndicats et regarder la société telle qu’elle est vraiment pour revenir à 60 ans !

Le dossier des retraites a largement mobilisé les citoyens français en fin d’année 2010 avec des manifestations record pour contrer la réforme du gouvernement dont la mesure phare était de passer de 60 (65 à taux plein) à 62 ans (67 à taux plein) l’âge de départ possible à la retraite.

La logique gouvernementale qui s’est appliquée lors de cette réforme est, certes, comptable pour faire des économies publiques rapides et sans discussion sur le dos des travailleurs. Mais elle est surtout idéologique avec en ligne de mire politique l’abandon du système solidaire de retraites par répartition pour un système du « chacun pour soi » géré par des assurances privées – elles-mêmes livrées aux tourmentes des marchés financiers – dans lequel seuls les plus aisés s’en sortiront.

Dans ce dossier, il est temps de sortir des logiques et dogmes libéraux !
Aussi, avant toute discussion, les politiques doivent affirmer leur volonté de conserver le système par répartition.

Ce préalable posé, on s’aperçoit en réalité que la question de l’âge de départ à la retraite est un faux débat et que le retour à 60 ans est possible… pour peu, bien sûr, que l’on écoute les partenaires sociaux, syndicats de salariés en tête, qui ont les solutions.

Outre le fait que la question de l’emploi (hausse de la précarité, chômage…), directement liée à celle des retraites, est souvent volontairement oubliée dans la réflexion politique gouvernementale, nous retiendrons, entre autres arguments, 3 points cruciaux qui nous poussent à demander un retour à l’âge de 60 ans :

- Le passage à 62 ans défavorise les femmes car elles sont plus nombreuses que les hommes à prendre des congés parentaux suspendant ainsi leurs cotisations retraites. Etant par ailleurs moins bien payées que les hommes pour des postes équivalents, les femmes subissent donc une double peine inacceptable.

- Le passage à 62 ans ne prend pas en compte le fait que les entreprises cherchent plutôt à se « débarrasser de leurs séniors », considérés comme moins productifs et payés plus cher. De plus, un sénior au chômage a beaucoup de difficulté à retrouver un emploi, les entreprises préférant embaucher des jeunes, considérés potentiellement plus dynamiques et surtout payés moins cher.

- Le passage à 62 ans ne prend pas en compte la pénibilité morale (pression sociale, financière…) liée à la précarité de l’emploi tout au long des carrières. Notamment, cela ne prend pas en compte la difficulté pour les jeunes sortant de leurs études à trouver un emploi stable, décalant de fait la possibilité de commencer rapidement à cotiser pour leurs retraites. La société a évolué fortement sur ce point mais le gouvernement semble faire comme si rien n’avait bougé depuis 50 ans. Dans sa très faible définition de la notion de pénibilité au cours des carrières professionnelles, le gouvernement ne prend d’ailleurs pas en compte, la précarité et ce qu’elle engendre de pénibilité morale. Si le monde du travail reste ce qu’il est aujourd’hui et s’il continue à évoluer dans le sens d’une précarité accrue, on trouvera à l’avenir de plus en plus de salariés de plus de cinquante ans usés moralement.

En 2012, il faudra donc remettre à plat la réforme gouvernementale, revenir à l’âge légal de 60 ans comme départ possible à la retraite, et retravailler avec les syndicats à une réforme digne de ce nom pour conserver le système par répartition en assurant un maximum de justice sociale.
Il faudra également définir de bonnes politiques pour l’emploi.

Il est temps en France de sortir des logiques libérales comptables et de replacer l’Humain au centre des réflexions politiques !

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